Carlo Pallavicino (ca 1630-1688) Le Amazzoni nell’isole fortunate
Dramma per musica en un prologue et trois actes sur un livret de Francesco Maria Piccioli. Créé le 11 novembre 1679 dans le théâtre privé du procurateur vénitien Marco Contarini, à Piazzola sul Brenta.
Axelle Fanyo Pulcheria Clara Guillon Il Genio/Auralba Eleonore Gagey La Difficoltà/Cillene Iryna Kyshliaruk Florinda Anara Khassenova Jocasta Olivier Cesarini Il Timore/Sultan Marco Angioloni Anapiet
Les Talens Lyriques Christophe Rousset Direction
Nouvelle production Musikfestspiele Potsdam Sanssouci – Les Talens Lyriques.
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Le Amazzoni nell’isole fortunate est un Dramma per musica en un prologue et trois actes, composé par Carlo Pallavicino (ca 1630-1688) en 1679 pour l’inauguration du théâtre privé du procurateur vénitien Marco Contarini à Piazzola sul Brenta, près de Padoue. À sa création le 11 novembre 1679, devant un public de choix composé de nobles vénitiens et de nombreux ambassadeurs étrangers, l’opéra obtient un tel succès qu’il est relaté dans toute la presse européenne. Le livret de Francesco Maria Piccioli narre les intrigues amoureuses déclenchées par l’arrivée d’un naufragé sur l’île des amazones, qui n’est autre qu’Anapiet, espion du roi des Égyptiens Sultan, qui projette d’assiéger ces femmes guerrières, avant de finir par épouser leur reine, Pulcheria. Si l’œuvre ne met en scène aucune légende mythologique ou fait historique particuliers, le librettiste s’inspire de l’univers des amazones représenté dans diverses œuvres, des écrits de Diodore de Sicile ou de Federico della Valle jusqu’à l’opéra Ercole sul Termodonte de Vivaldi, créé un an plus tôt à Venise. Il peut ainsi faire preuve d’une grande avant-garde en donnant le devant de la scène à ses personnages féminins, et en traitant notamment une relation homosexuelle entre deux amazones avec sérieux, sans travestissement ni ironie. Son livret donne lieu à une mise en scène somptueuse et extraordinaire, faisant appel à de riches décors, à plusieurs centaines d’acteurs, ainsi qu’à une cinquantaine de chevaux et cavalières. La musique de Carlo Pallavicino épouse le texte à la perfection, soulignant tout autant les troubles de ces amazones confrontées à leurs sentiments – la complexité de leurs émotions se reflétant dans la riche palette expressive des airs et récitatifs de l’œuvre – que la magnificence de leur pouvoir guerrier au son des trompettes et timbales éclatantes. Musique et théâtre ont charmé Jacques Chassebras de Cramailles, qui écrit dans le Mercure Galant en décembre 1679 : « On vit le plus étonnant et le plus pompeux spectacle dont on a jamais parlé… merveilleux spectacle qui semble être moins un opéra qu’un enchantement ».
« Dans cet opéra, les femmes sont au pouvoir ! Les rôles principaux sont des personnages féminins, notamment celui de Pulcheria interprété par la magnifique Axelle Fanyo. Le féminisme y est curieusement omniprésent, les situations dramatiques sont incroyablement avant-gardistes, et la liberté de ton, très vénitienne. On n’hésite pas à montrer des amours saphiques sur le plateau, à parler de sensualité et de sexualité même ! Les ressorts dramatiques sont extrêmement divertissants, et contrairement à ce que pourrait laisser penser le dénouement de l’oeuvre – la victoire de Sultan sur les Amazones –, les hommes ne sortent pas réellement vainqueurs… C’est un opéra incroyablement moderne qui, je pense, surprendra les spectateurs. »
– Christophe Rousset