Chaque tragédie lyrique de Jean-Baptiste Lully exhumée par Christophe Rousset constitue un événement attendu et célébré. Après Roland, Persée, Bellérophon, Phaéton, Amadis et Armide – dont les gravures au disque ont été saluées avec enthousiasme par la critique – les Talens Lyriques proposent cette année une Alceste qui signe la maturité d’un orchestre rompu à l’écriture lulliste.
Alceste est la seconde tragédie en musique du couple Quinault-Lully. Elle adopte l’organisation en un prologue et cinq actes, qui deviendra un modèle. La représentation à l’Académie royale de musique en 1674 reste associée à une fameuse cabale. Lully, qui venait alors de racheter le privilège de l’Opéra, s’attira les critiques de ses ennemis lors de la création parisienne. Ceux-ci dénoncèrent le livret trop librement inspiré par l’œuvre d’Euripide, qui semblait faire fi de l’unité de l’action, et l’insertion d’éléments comique dans un genre académique. Mais le succès considérable de la représentation à la cour, où avaient eu lieu les répétitions, ainsi que des innombrables reprises, couronna très vite une œuvre séduisante à plus d’un titre. Lully y laisse la part belle aux divertissements qui se tiennent à chaque acte, prétextes à la danse et surtout aux chœurs particulièrement nombreux.
Production Les Talens Lyriques. Les représentations d’Alceste sont rendues possibles grâce au soutien d’Aline Foriel-Destezet. Édition musicale réalisée par Nicolas Sceaux pour Les Talens Lyriques.