Opéra en un acte et en vers imité d’Ossian Livret de Bin de Saint-Victor Crée au Théâtre de l’Opéra-Comique le 17 mai 1806
« Le 17 mai 1806, l’Opéra-Comique donnait la première représentation d’un curieux opéra de Méhul, Uthal, sur un livret inspiré d’Ossian, d’une singulière couleur romantique. » Lionel de La Laurencie ne s’est pas trompé, aussi tard qu’en 1925, lorsqu’il commenta les créations lyriques les plus originales de la période napoléonienne, battant en brèche l’idée reçue que seule la pompe superficielle habitait la musique de cette époque. C’est à la faveur du succès des Bardes de Lesueur en 1804, sur la scène de l’Académie impériale de musique, que l’Opéra-Comique commanda à Méhul une œuvre courte et saisissante, inspirée des rêveries ossianiques de Macpherson que la France découvrait alors. Le compositeur eut l’idée géniale – et risquée – de traduire musicalement les brumes d’une Écosse fantasmée par la sonorité en « grisaille » d’un orchestre sans violons. La teinte gothique des instruments à vent, et la poésie mélancolique d’une harpe émergeant sporadiquement de l’ensemble contrastent avec les chœurs guerriers et les accents belliqueux de Larmor ou d’Uthal. Dès l’ouverture, Méhul innove en faisant intervenir depuis la coulisse le personnage de Malvina appelant désespérément son père. Le chœur lui-même n’est coloré que de voix d’hommes à trois parties. L’Hymne au sommeil, chant de bardes éminemment romantique, s’imposera comme l’une des meilleures pages du compositeur, que les élèves du Conservatoire chanteront sur sa tombe lors de ses funérailles en 1817.