Claudio Monteverdi (1567-1643)
Opéra en un prologue et trois actes sur un livret de Giovanni Francesco Busenello Créé en 1643 à Venise (Teatro San Giovanni e Paolo)
Direction musicale : Christophe Rousset Mise en scène : Stephen Langridge Scénographie et costumes : Alison Chitty Lumières : Fabrice Kebour Costumes : Philippe Giraudeau
Poppea : Anne-Catherine Gillet Nerone : Marie-Nicole Lemieux Ottavia : Alice Coote Ottone : Delphine Galou Seneca : Jean Teitgen Drusilla : Judith van Wanroij Arnalta : Mathias Vidal Nutrice/Familiare I : Robert Getchell Virtù/Damigella/Pallade : Catherine Trottman Fortuna : Chantal Santon-Jeffery Valletto : Lucia Martín-Cartón Amore : Emilie Renard Mercurio/Console I/Littore : Philippe Estèphe Soldate I/Lucano/Familiare II/Tribuno I : Emiliano Gonzalez Toro Soldate II/Liberto Capitano/Tribuno II : Manuel Nuñez Camelino Famigliare III/Console II : Thibault de Damas
Les Talens Lyriques
Nouvelle coproduction Théâtre des Champs-Élysées – Théâtre du Capitole
Claudio Monteverdi offre à l’opéra vénitien l’une de ses plus belles pages avec L’incoronazione di Poppea, son ultime œuvre, composition innovante et visionnaire.
Créée en 1642, au Teatro San Giovanni e Paolo, elle réussit l’équilibre parfait entre l’émancipation vocale et les exigences dictées par la monodie accompagnée au service du drame. La cité des Doges s’était ouverte à l’opéra seulement quelques années auparavant, avec l’ouverture du Teatro San Cassiano en 1637. Claudio Monteverdi façonne un langage musical neuf, apte à illustrer musicalement la complexité de la nature humaine : un nouvel équilibre se crée ainsi, à mi-chemin entre le recitar cantando (« réciter en chantant ») du début du siècle et la délicate suavité du bel canto à venir. Il tourne le dos à la mythologie au profit de l’histoire, quitte le monde des dieux pour celui des hommes. Désormais bien loin des amours hors normes d’Orphée et Eurydice, d’Ulysse et Pénélope, le livret de Viocanni Francesco Busenello – inspiré des Annales de Tacite – propulse sur scène une humanité mise à nu. Intrigues politiques et amoureuses se mêlent, dévoilant tour à tour grandeur d’âme et bassesse morale, s’aventurant entre les tiraillements, la jalousie, les doutes et l’extase amoureuse. Nul doute qu’à travers le duo final de Poppea et Nerone « Pur ti miro, pur ti godo » (« Je te regarde, je te veux »), célébration voluptueuse d’un amour coupable, hymne au désir et à la chair, se devine déjà, comme en filigrane, la raison d’être des trois cents prochaines années d’art lyrique.
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