Prologue – la pâte feuilletée
Comme un prélude discret, la pâte feuilletée se prépare en silence. On la laisse s’étendre, avec ses couches infinies qui rappellent une fugue, où chaque pli répond à l’autre avec délicatesse. Vous pouvez la préparer vous-même pour un résultat parfait, ou bien opter pour une pâte feuilletée déjà prête, assurant ainsi un feuilleté bien monté et croustillant.
Acte I – la crème d’amandes : une mélodie douce
Dans un bol, mélangez le beurre en pommade et le sucre glace, jusqu’à obtenir une texture lisse et crémeuse. Comme un motif musical, l’ajout des œufs un par un, donne de l’ampleur à cette crème, tandis que la poudre d’amandes vient structurer le tout. Quelques notes de rhum et de vanille s’ajoutent subtilement à cette mélodie, sans jamais dominer. C’est une harmonie parfaite, tout en nuances.
Acte II – l’assemblage : une composition soignée
Étalez la première abaisse de pâte sur une plaque, puis déposez délicatement la crème d’amandes au centre, en évitant les bords. Là, se cache la fève, tel un motif caché dans une partition. Posez la seconde abaisse par-dessus et soudez les bords avec soin. Avec la pointe d’un couteau, dessinez quelques motifs légers en surface, sans trop insister, comme un léger ornement musical, juste assez pour sublimer l’apparence sans la surcharger.
Acte III – la dorure ou l’importance de l’ornement
Badigeonnez délicatement la galette avec le mélange jaune d’œuf-lait, pour qu’elle brille sous la lumière du four, comme une scène éclairée juste avant l’entrée des musiciens.
Acte IV – (comme souvent, l’acte des enfers !…) la cuisson en crescendo
Enfournez à 200°C pendant 10 minutes, puis baissez à 180°C pour encore 20 à 25 minutes. Surveillez bien la cuisson : le feuilletage doit s’épanouir comme une envolée orchestrale, croustillant à souhait, doré sans excès, laissant entrevoir une partition invisible.
Acte V : le dénouement : on « tire les Rois »
Coupez la galette en 8, Invitez les spectateurs, le plus jeune se cache dans les coulisses et désigne chacune des parts pour chaque invité. Celui ou celle qui mord dans la fève devient Reine ou Roi d’un jour, et arbore sa couronne !
Bon appétit, ou devrais-je dire bravo, pour cette petite œuvre pâtissière qui, comme une œuvre de Rameau, s’apprécie dans toute sa délicatesse, mais sans jamais se dévoiler totalement d’un seul coup.
Cette tradition n’a rien à voir avec le christianisme mais viendrait plutôt de l’époque romaine, en hommage aux Saturnales, des fêtes qui célébraient Saturne, le dieu du temps et le soleil.
A l’occasion de ces fêtes, un repas était partagé entre les maîtres et les esclaves. On glissait alors une fève (un haricot) dans un gâteau dont l’aspect rond et doré symbolisait le soleil. Celui qui tombait sur la fève devenait « Prince des Saturnales » et pouvait obtenir ce qu’il souhaitait pendant une journée, devenant le roi d’un jour.
La fève était l’un des symboles du solstice d’hiver car c’est le premier légume qui pousse au printemps. Par ailleurs, la fève donne la vie en germant, ce qui en faisait un légume très important chez les Grecs et les Romains.
La coutume de l’élection du roi est aussi attestée à partir du XIVème siècle, le Roi devait alors payer une tournée à la table, on parlait alors du « roi boit ». Mais certains rois avares qui voulaient éviter de payer la tournée générale, avalaient la fève. Pour éviter toute triche, on l’a donc remplacée par un petit morceau de porcelaine.
(source culturezvous.com ©Antoine Vitek)